ENTRE THÉÂTRE ET CINÉMA
cycle de séminaire & masterClasses
Le dialogue entre théâtre et cinéma, qui sert de fil rouge à ce cycle de séminaire-masterClasses, est envisagé non seulement à partir d’ouvrages des univers théâtral et cinématographique mis en complémentarité autour de thématiques spécifiques, mais aussi d’une manière transdisciplinaire en questionnant un certain nombre d’œuvres d’autres domaines artistiques (peinture, sculpture, architecture, musique, danse, littérature…), choisies pour leur symbiose avec la thématique du cours. Les master classes peuvent être complétées, s’il y a lieu, par des répétitions et /ou un spectacle de tout ou partie de pièces étudiées, accessibles aux participants des sessions.
« Le cinéma, c’est du théâtre en conserve… au théâtre on joue, au cinéma on a joué », disait volontiers Louis Jouvet, reprenant ainsi la dichotomie présente dans la carrière des grands comédiens. Ainsi le comédien Jouvet concevait-il avant tout ses nombreuses participations au cinéma comme une activité alimentaire capable de venir en aide à son apostolat difficile de meneur de troupe. De même Jean-Louis Barrault, les Pitoëff, Charles Dullin, Sir Laurence Olivier ou, plus près de nous, Robert Hirsch, Laurent Terzieff ou le truculent Fabrice Luchini, quittant un instant les planches des théâtres pour les plateaux de cinéma, n’ont-ils jamais accordé à cette industrie que le temps… de leurs vacances ! Et voilà que Michel Bouquet, troublant le jeu dans un film récent, étonne à plus de 80 ans le public des salles obscures en personnifiant en grande figure du théâtre français un François Mitterrand plus vrai que nature… De l’acteur au comédien, de la projection à la représentation, y a-t-il un lien sensible ? L’œil objectif de la caméra capte-t-il les mêmes nuances que la « présence » subjective propre au spectacle vivant ? L’émotion unique vécue en direct au théâtre demeure-t-elle intacte face à l’écran ? Le « travail en devenir » sur la scène peut-il se comparer au « produit fini » d’un film ?
Dialogues : les mots en pleine lumière
Que serait l’âge d’or du Cinéma français sans les dialogues d’un Henri Jeanson, d’un Jacques Prévert ou d’un Michel Audiard, mis en bouche par des acteurs pour lesquels ces maîtres de la cabriole verbale ciselèrent sur mesure leurs mots d’auteur : Arletty, Michel Simon, Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche, Julien Carette, Jean-Paul Belmondo ? N’ont-ils pas sauvé du naufrage de nombreux films qui, sans eux, seraient déjà oubliés ? Tour à tour baignés de poésie scintillante ou d’argot plus ou moins revisité, jouant de la métaphore comme de fléchettes, les dialogues au cinéma représentent un travail d’orfèvre dont le langage populaire dissimule souvent des trésors littéraires.
Les plus grands comédiens du théâtre ne s’y sont pas trompés : Louis Jouvet se plagiant lui-même avec les mots de Jeanson dans Entrée des artistes, Jean-Louis Barrault confondu pour l’éternité au rôle du mime Baptiste dans les Enfants du Paradis de Marcel Carné, issus du génie de Jacques Prévert, Pierre Brasseur et Jean Gabin dans des joutes oratoires mémorables modelées par un Michel Audiard au sommet de son art. Et puis, il y a ces dialogues célèbres qui deviennent des instants d’éternité : « Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre…», ou encore « Atmosphère, atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère… » Le bon dialogue est d’abord une musique qui rencontre un interprète.
À ces questions Patrick Crispini consacre un cycle entre théâtre et cinéma, en abordant à l’aide d’exemples tirés de grandes scènes, d’extraits de documents filmés rares… et de travaux pratiques avec les participants, quelques aspects du jeu de la comédie humaine et des secrets de fabrication des scénarios, répliques et dialogues, en dégustant, au passage, quelques célèbres répliques du cinéma français, mettant ainsi les mots en pleine lumière… L’ensemble est documenté par de nombreux extraits vidéo et/ou audio, complété par des exemples donnés par des comédiens invités.